Où en est le made in France après la crise du coronavirus ?
Réduire la dépendance industrielle française, réduire l’impact carbone de la consommation, sauvegarder et créer de l’emploi : la crise du coronavirus a révélé au grand jour la prégnance des enjeux du made in France. Des enjeux nombreux, tant pour les politiques, les citoyens ou l’environnement que pour les entreprises elles-mêmes. Où en est le made in France après la crise du covid-19 ? Eléments de réponse.
Le virus d’une industrie mondialisée
En mars 2020, le Figaro avançait que « 80% des matières premières nécessaires à la fabrication d’un médicament viennent d’Asie ». Les Français ont également découvert que la France ne produisait plus de masques sanitaires, allait cesser de produire des bouteilles d’oxygène, etc. Et encore, ces informations qui ont défrayé la chronique ne concernent que le secteur médical. Car en réalité, c’est la quasi-totalité de l’industrie française qui est extrêmement dépendante des pièces fabriquées pour la plupart en Asie.
De fait, selon l’Insee, la part du made in France est tombée à 36% dans les produits manufacturés. Et encore, si l’on exclut l’agroalimentaire, cette part chute encore à 15%.
Et pourtant, face à l’urgence, face à la crise et face à la nécessité, les entreprises françaises se sont engagées, massivement, pour soutenir les soignants et les collectivités dans leur lutte contre le coronavirus. De nombreuses entreprises du textile et de lingerie ont fabriqué des masques ; des entreprises spécialisées dans les articles de sport, l’automobile ou l’aéronautique se sont mises à fabriquer des respirateurs artificiels, des fabricants d’alcool ont redirigé leur production pour fournir du gel hydroalcoolique en grandes quantités.
Ce formidable élan national de solidarité a démontré qu’il était possible de fabriquer en France des produits jusqu’ici sous-traités dans les pays à bas coût comme la Chine. Mais à quel prix ? Quel volume d’argent public a dû être injecté pour arriver à ce résultat ? Le modèle est-il viable ?
Car si les Français sont 42% à penser que les entreprises françaises doivent ramener toute leur production et usines en France, selon un sondage de l’agence d’études Kantar et s’ils sont 75% à se dire prêts à payer plus cher pour acheter français, les faits sont plus ambigus.
Pourtant, selon un sondage Odoxa réalisé en avril 2020 relayé par Les Echos :
- 93% des Français veulent que l’Etat garantisse l’autonomie agricole de la France
- 92% souhaitent que l’Etat fasse pression sur les entreprises pour qu’elles relocalisent
- 91% souhaitent que l’Etat favorise la recherche et la production des laboratoires pharmaceutiques français
Les opportunités sont là, les attentes réelles : il ne reste plus qu’aux acteurs politiques et économiques de saisir ces opportunités et répondre à ces attentes.
Valoriser les savoir-faire et la production française
Compte tenu du contexte, de l’engouement des consommateurs pour le made in France, il y a fort à parier que les entreprises qui repenseront leur storytelling pour y intégrer leur savoir-faire et leur fabrication française seront récompensées. Et ce, a fortiori si cette valorisation de savoir-faire français et d’une production française s’inscrit dans une démarche RSE forte : réduction et revalorisation des déchets, dons à des associations, lutte contre l’obsolescence programmée, etc. Car tous ces enjeux sont aujourd’hui entremêlés : la fabrication et la production françaises constituent tout autant des enjeux économiques que sociaux et environnementaux.
Valoriser la production française, c’est donc aussi, pour les entreprises, favoriser les approvisionnements nationaux. Les consommateurs ne sont pas seuls à pouvoir soutenir la production française : les entreprises ont également un rôle à jouer dans ce vaste changement de paradigme. Et elles ont tout à y gagner. Car faute de repenser totalement leur mode de fonctionnement, elles peuvent montrer leur engagement en choisissant des fournisseurs et des fabricants français.
Des franchises exemplaires en matière de made in France
De nombreuses enseignes s’inscrivent déjà dans ces démarches depuis des années. Côté ameublement, citons simplement Gautier, qui fabrique, en France, des meubles à partir de bois français. Le Groupe Fournier, cuisiniste haut-savoyard propriétaire de marques reconnues telles que Perene, Mobalpa et SoCoo’C qui fabrique depuis plus de 100 ans ses produits en France. Vive la France, enseigne de magasins proposant exclusivement des produits disposant du label Origine France Garantie. Carrément Fleurs, franchise de fleuristes, qui renforce ses approvisionnements auprès de producteurs français. Columbus Café & Co, qui fabrique ses produits en France. Etc.
D’une manière générale, les enseignes de franchises sont nombreuses à être tournées vers la fabrication française, les produits français, les produits du terroir et les savoir-faire français. Trop peu cependant communiquent déjà sur ces démarches. Il est peut-être temps d’y remédier. Car finalement, le made in France est déjà bien présent mais trop faiblement valorisé. Les franchises ont donc un rôle à jouer dans ce changement de paradigme. act