Un tissu “ intelligent ” pour remplacer les étiquettes
La banque d’investissement va apporter 1,85 million à une start-up de Grenoble. Son projet permet d’encapsuler des puces électroniques dans le fil des vêtements.
Aider à mettre sur pied une filière industrielle française du vêtement connecté, c’est l’une des ambitions de Bpifrance dans le cadre d’un appel à projets financé par le « Programme d’Investissements d’Avenir ». Les textiles intelligents représentent déjà en France près de 50 % du chiffre d’affaires du secteur, estimé à 12 milliards d’euros.
La banque vient d’apporter 1,85 million d’euros au projet Thésée (3,8 millions au total), qui réunit une start-up grenobloise Primo1D, l’école de mode La Fabrique et l’équipementier automobile EFI Automotive. La start-up, issue du CEA, a mis au point une technologie de micro encapsulation de puces électroniques RFID (identification par radio fréquence) dans les fils du textile. Ce système de radio fréquence est déjà utilisé par les géants de l’habillement Zara ou Decathlon, mais via des étiquettes, avec le risque qu’elles soient enlevées. «Avec notre technologie, cette puce est intégrée dès la conception du vêtement. Il va porter en lui cette fonction, de façon invisible, durable et lavable », précise Emmanuel Arène, le co fondateur et dirigeant de Primo1D.
Son intérêt : assurer la traçabilité d’un modèle depuis sa fabrication à la livraison en magasin. Ce qui va faciliter la gestion des stocks, surtout avec le développement des ventes multicanal (internet). Un enjeu capital dans ce secteur. Aujourd’hui, l’imprécision des inventaires, entre ce qui est réellement stocké et ce qui est répertorié informatiquement, peut atteindre jusqu’à 25 % ! « Ce qui veut dire qu’on en sait pas où est passé un quart des “fringues”, et si elles ont été volées, perdues ou vendues », reprend le dirigeant. Quand on sait que 4 milliards d’étiquettes électroniques sont aujourd’hui vendues chaque année, on mesure la taille potentielle de ce nouveau marché. Ce fil du futur est aussi une solution contre les vols et permet l’authentification d’une pièce. Un plus pour les marques haut de gamme dans la lutte contre le contrefaçon.
« Garde-robe connectée »
Primo1D réfléchit aussi à de nouveaux usages cette fois pour le consommateur, avec l’idée « d’une garde robe connectée ». Il pourrait, via son smartphone, être informé sur l’entretien de son vêtement, ou être mis en contact avec le site de la marque pour les nouveautés.
Tout l’enjeu désormais est de passer à l’industrialisation. D’où le coup de pouce de la banque d’investissement. « Incorporer une puce dans un fil, Primo1D sait le faire. Il faut désormais être capable de tricoter ces fils à l’échelle industrielle, et passer les verrous », relève Catherine Borg Capra, directrice des filières industrielles de Bpifrance.
Partenaire du projet, l’équipementier EFI va aider à assembler ces composants électroniques. L’école de mode la Fabrique va, elle, mettre son réseau de confectionneurs, spécialistes de la maille ou du tricotage, au service de la start-up grenobloise. « Nous allons travailler avec ses professionnels pour nous aider à intégrer ces techniques dans le vêtement», reprend Emmanuel Arène. Parmi les entreprises intéressées, Dim serait prêt, selon la Bpi, à tester la technologie. Le coût de ces fils intelligents -plus chers qu’une étiquette électronique- pourra, avec de plus gros volumes, être compétitif demain, assurent les promoteurs du projet.Et permettre des gammes de prix accessibles sur le marché. « L’objectif est d’atteindre un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros en 2020, avec la création de 70 emplois », se réjouit Catherine Borg Capra.
- Par DOMINIQUE CHAPUIS
- Le 04/07/2016
- www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/0211095581754-bpifrance-veut-batir-une-filiere-du-vetement-connecte-2012059.php?hr4Yk7r25joe0r2e.99