Gérard Ravouna : « Il faut que la filière textile puisse peser plus lourd »

Photo Joël PHILIPPON

En ce début d’année 2016, comment se porte la filière mode et habillement Rhône-Alpes ?

Sans surprise, elle est toujours en crise. Notre principale préoccupation c’est le financement de nos entreprises. Les banques sont toujours extrêmement frileuses lorsque l’on parle de textile, d’habillement ; elles ne veulent surtout pas prendre de risques. De nombreuses boîtes se retrouvent donc dans des situations délicates ; sans des fonds, sans des investisseurs, je crois que des entreprises importantes de la filière seraient mortes.

Le secteur souffre parce qu’il est freiné dans ses développements, parce que nos charges de personnel sont encore et toujours trop lourdes dans un contexte de concurrence mondiale. Et face à cela, il est difficile de lutter à armes égales. La filière mode habillement en Rhône-Alpes Auvergne c’est environ 450 entreprises, 1 000 marques, c’est 4 000 emplois lorsque la filière en comptait plus de 20 000 il y a quinze-vingt ans.

Une filière en perdition alors qu’elle est la plus grosse région de France en la matière ?

Oui, nous sommes la plus grande région de France pour la concentration des entreprises d’habillement et de mode. Nos créateurs, nos fabricants sont présents dans tous les segments, l’homme, la femme, l’enfant, le sport, la lingerie etc. Mais face à la concurrence mondiale, on éprouve de grosses difficultés. Le marché se partage entre l’entrée de gamme des Primark, Zara, H & M etc. et le haut de gamme qui peut se permettre de relocaliser un peu en rognant sur ses marges.

Des marges qui ne cessent d’être réduites au risque de faire péricliter les entreprises ?

Oui, les coûts de fabrication augmentent même dans les pays à bas coût et les marges baissent, il est donc difficile de sortir la tête de l’eau. Tous les jours, des entreprises de la filière ferment mais tous les jours il s’en remonte parce que la filière exerce une fascination extraordinaire.

Comment enrayer cette morosité ?

Il y en a marre de ces écoles de mode qui se montent, forment des stylistes, des modélistes, dont nous n’avons pas besoin. Aujourd’hui, nous avons besoin de vendeurs de prêt-à-porter, tout le monde en cherche. Aussi, il faut que la filière tout entière puisse peser plus lourd, que nous nous unissions avec les acteurs de l’industrie textile, les détaillants. Il faut que nous jouions groupés pour peser plus lourd vis-à-vis des pouvoirs publics. Il faut que la volonté d’union de toute la filière l’emporte parce qu’il y a urgence.

Age

68 ans

Formation

« Je suis autodidacte, j’ai 50 ans de mode derrière moi ».

Fonctions

Président des industries Mode & Habillement Rhône-Alpes-Auvergne, premier vice-président de la Fédération française du prêt-à-porter féminin.

Son plus

« Être en mode passion ».

Sa devise

« Faisons preuve de créativité ».

PROPOS RECUEILLIS PAR FRANCK BENSAID

http://www.leprogres.fr/economie/2016/02/09/gerard-ravouna-il-faut-que-la-filiere-textile-puisse-peser-plus-lourd

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