Expo Wearable : cinq vêtements qui pourraient révolutionner l’avenir de la mode

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Crédit photo: sebastian pfutze

Et si nos vêtements pouvaient nous protéger ? Transmettre nos émotions ? Assainir la planète ? Jouer de la musique ? Autant d’interrogations que posent l’exposition Wearable, jusqu’à dimanche à la Gaîté Lyrique, à travers une quinzaine de prototypes de vêtements futuristes. Cinq d’entres eux nous ont particulièrement marqués. Nous vous les présentons.

Les vêtements dépasseront-ils un jour leurs fonctions premières ? Au lieu de simplement nous couvrir ou afficher notre style, ils pourraient par exemple nous protéger des autres, exprimer des sentiments cachés, dialoguer entre eux et même réduire la pollution. C’est en tout cas ce que supposent les artistes réunis à la Gaîté Lyrique, dans le cadre de l’exposition Wearable. Ils proposent des prototypes de vêtements, à la croisée de la mode et des nouvelles technologies, qui pourraient révolutionner notre rapport à l’habillement. Malheureusement, “même si ces créations interrogent l’avenir de la mode, elles ne sont, pour l’instant, pas vouées à être distribuées”, prévient la commissaire de l’exposition Anne-Sophie Berard.

La Spider Dress, la robe qui nous protège de l’autre

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Comme son nom l’indique, Spider Dress a l’apparence d’une araignée, avec ses billes noires, qui semblent nous regarder, et ses pattes crochues. Et gare à celui qui voudrait l’attaquer ! Comme la bête, elle est capable de se défendre. Grâce à des capteurs, elle peut sentir la disposition de la personne – sa respiration, la cadence de ses mouvements – qui lui fait face. Si celle-ci se montre nerveuse ou brutale, la robe-araignée dégaine ses pattes et ses yeux envoient des flash lumineux. A l’inverse, si l’autre reste calme, elle l’invite à s’approcher en tendant une patte, tandis que son regard brille doucement.

Montré pour la deuxième fois seulement, ce vêtement est l’oeuvre de Anouk Wipprecht,“une grande figure de la fashion tech, qui travaille sur l’intelligence artificielle du vêtement”, rapporte Anne-Sophie Bérard, commissaire de l’exposition. En proposant cette création, elle soulève la question de savoir “jusqu’où le vêtement sera-t-il protecteur ?” 

Caress of Gaze, une cape qui a la chaire de poule

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Comme la peau, cette cape, qui ressemble à un hérisson, exprime une sensibilité. Faite de petites plumes en plastique, elle se rétracte ou se redresse, le bruit est alors le même qu’un champ de blé secoué par le vent. Au toucher, la texture rappelle la brosse à cheveux à picots. La réaction dépend de l’intensité du regard qu’on lui porte. La cape le détecte grâce à une petite caméra, laquelle envoie alors les informations aux épines, qui réagissent immédiatement.

C’est Behnaz Farahi, artiste américaine d’origine iranienne, qui propose cette innovation.“Elle aussi s’interroge sur l’intelligence du vêtement. Est-ce que le vêtement sera capable de communiquer avec la personne en face de nous pendant que nous parlerons avec une autre ? Répondra-t-il au vêtement d’en face ? Sera-t-il plus sensible que nous ?”

Showpiece, la veste instrument de musique

A première vue, rien n’indique que de cette veste noire, création de Ylenia Gortana et du musicien Birdmask, puisse sortir une mélodie. La coupe est graphique, minimaliste. Rien ne dépasse. Seule fantaisie, les 52 carrés imprimés sur le textile. Et c’est justement eux qui émettent le son. Ces pads renferment en fait des capteurs, “tous capable de générer un son propre”. En tapant légèrement dessus et en jouant avec la fermeture éclaire,“l’utilisateur peut ainsi composer et jouer en live”.

A quand donc le musicien qui montera sur scène, avec pour unique instrument, sa tenue ?“C’est un vrai sujet dans la mode”, rapporte la commissaire d’exposition. “Il existe déjà un pantalon qui permet de jouer de la batterie.” L’exposition présente aussi un kimono – harpe. L’utilisateur n’a qu’à déployer les pans de ses manches pour gratouiller les “lignes conductrices” qui font office de cordes. “Les musiciens ont très envie de s’emparer de ces vêtements. Mais ils ne sont encore qu’à l’état de prototype avec des technologies trop sensibles.”

Like Living Organisms, la robe vivante

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Cette création ne trouvera sans doute pas preneur grâce à son esthétique. A moins de vouloir ressembler à un être hybride issu du croisement entre Alien ou La Mouche de Cronenberg. Rose, un peu granuleuse au toucher, la robe a les caractéristiques d’une peau épaisse. Quand on s’en approche, “elle se met à vivre”. Tandis qu’elle émet un fort bruit de respiration, ses “nervures” se mettent à battre. L’artiste, Local Androids, “s’est inspiré des émois qui nous animent quand on rencontre quelqu’un pour la première fois”. Ce n’est pas fini, s’il l’on reste à côté, “la tension monte et le pouls s’accélère”. Les parties latérales du cou, “une zone très érogène”, se mettent à gonfler. “La robe fait le paon”. Pour la calmer, il faut la toucher, “la caresser”. Et quand, on la lâche, “elle comprend que l’on s’en va et va donc attendre de pouvoir séduire quelqu’un d’autre”.

Fascinante et dérangeante à la fois, Like Livings Organisms serait destinée à nous servir de seconde peau, et ainsi, à “rejoindre le monde des vivants”.

Herself Dress, la robe anti-pollution 

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Ajustée à la taille, moulante sur les hanches, évasée en bas, Herself Dress pourrait tout à fait se porter pour une soirée chic. Sauf qu’il faudrait pour cela supporter ses 40 kilos, à cause de l’argile qui la recouvre. Car sans elle, la robe perd tout son intérêt, celui de peut-être sauver notre planète. Comme est-ce possible ? “Cette patte contient du CatClo, une substance qui capte et piège les gaz carboniques qui se promènent dans l’air”, explique Anne-Sophie Bérard.

L’artiste anglaise Helen Storey travaille sur ce concept depuis des années, en collaboration avec le scientifique Tony Ryan. Elle a par ailleurs récemment créé une lessive à base de CatClo. Une personne qui porterait un vêtement lavé avec du cette substance serait capable d’éliminer environ 5 grammes d’oxyde d’azote de l’atmosphère, soit l’équivalent de ce que rejettent chaque jour la plupart des voitures.  “Selon l’artiste, il suffirait que l’on porte tous des vêtements lavés avec sa lessive pour que le niveau de la pollution chute de façon significative.” Mais qu’en serait-il du porteur ? “L’additif serait sans danger pour sa santé, et ne poserait aucun problème de confort.”

L’exposition a lieu dans le cadre du Fashion Tech Festival, qui propose par ailleurs touteune série rencontres sur l’avenir de la mode et un fab lab. Chaque jour un designer est invité et propose un atelier de fabrication. Jusqu’au 14 février à la Gaîté Lyrique.

http://style.lesinrocks.com/2016/02/12/expo-wearable-cinq-vetements-qui-pourraient-revolutionner-lavenir-de-la-mode/

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