15 juillet 2014 (Photo Sebastien Rande / Studio Cui Cui)

La coopérative normande numéro 1 européen du lin

(Photo Sebastien Rande / Studio Cui Cui – 15 juillet 2014 )

La coopérative Terre de Lin fournit 15 % de la production mondiale de lin « textile ». Elle est installée principalement à Saint-Pierre-le-Viger (Seine-Maritime).

« Les filatures chinoises transforment 70 % de notre production. Leurs agriculteurs n’arrivent pas à produire du lin de qualité. » Thierry Goujon, directeur de la coopérative Terre de Lin, à Saint-Pierre-le-Viger (Seine-Maritime), peut dormir tranquille. Dans la production de lin textile, les liniculteurs normands ont des longueurs d’avance sur la concurrence. « Dans le monde, on ne peut produire du lin textile de haute qualité que le long des côtes de la Manche », explique Jérôme Lheureux, président de la section lin et chanvre du Gnis (l’interprofession des semences).

Question de climat – le lin apprécie le temps couvert – et de qualité des sols. Les limons profonds s’étendent de la plaine de Caen à Dunkerque. Depuis la Manche, la bande de 150 km de large se poursuit en Belgique et en Hollande. « L’Europe produit 80 % des fibres de lin de qualité au niveau mondial. »

Avec ses 600 liniculteurs en Seine-Maritime et dans l’Eure, ses 12 000 ha cultivés, la coopérative fournit 15 % de la production mondiale de lin textile (le lin oléagineux est destiné à l’alimentation animale). Terre de Lin est le n° 1 européen du secteur, depuis la création de variété et la production de semence adaptée aux terroirs normands jusqu’aux opérations de transformation du lin, le teillage (l’extraction de la fibre) et le peignage (le démêlage des fibres et leur assemblage en ruban).

Fibres de lin dans le dollar !

Semé en mars, le lin parvient à maturité cent jours plus tard. Le tempo est serré ; la météo peut tout gâcher. Mais ça rapporte gros. « Un hectare de lin me rapporte 5 000 € contre 1 500 € pour du blé… C’est 30 % de mon revenu avec seulement 10 % des terres cultivées », explique Cyril Delacroix, également multiplicateur (producteurs de semence) pour Terre de Lin. Lire aussi :Bretagne. Valorex mise sur les qualités nutritionnelles du lin

Les rendements s’améliorent « de 35 kg de filasses (les fibres longues, NDLR) par hectare et par an », grâce à la recherche variétale (1 500 lins recensés en France). Les filatures (à 90 % chinoises) réclament du lin textile. Les exportations mondiales sont passées de 110 000 à 130 000 tonnes en deux ans. «Grâce à l’innovation de la maille de lin pour l’habillement, la consommation nouvelle de vêtements de lin en Inde, le linge de maison aux États-Unis»,rappelle Thierry Goujon, directeur de Terre de Lin, numéro un européen du lin textile. « L’innovation vient des industriels européens. On tient à leur livrer 30 % de notre production. »

Les Normands travaillent aussi sur l’incorporation des fibres de lin dans les matériaux composites. C’est le cas dans 15000 paires de ski Salomon. Le lin apporte de la stabilité au matériel. La fibre se retrouve « même dans les billets de banque comme le dollar », avoue-t-on au Gnis. L’histoire ne dit pas si elle vient de Normandie…

Publié le 17/11/2015

www.ouest-france.fr/economie/agroalimentaire/textile-la-cooperative-normande-numero-1-europeen-du-lin-4472998

Gérard Ravouna : « Il faut que la filière textile puisse peser plus lourd »

Photo Joël PHILIPPON

En ce début d’année 2016, comment se porte la filière mode et habillement Rhône-Alpes ?

Sans surprise, elle est toujours en crise. Notre principale préoccupation c’est le financement de nos entreprises. Les banques sont toujours extrêmement frileuses lorsque l’on parle de textile, d’habillement ; elles ne veulent surtout pas prendre de risques. De nombreuses boîtes se retrouvent donc dans des situations délicates ; sans des fonds, sans des investisseurs, je crois que des entreprises importantes de la filière seraient mortes.

Le secteur souffre parce qu’il est freiné dans ses développements, parce que nos charges de personnel sont encore et toujours trop lourdes dans un contexte de concurrence mondiale. Et face à cela, il est difficile de lutter à armes égales. La filière mode habillement en Rhône-Alpes Auvergne c’est environ 450 entreprises, 1 000 marques, c’est 4 000 emplois lorsque la filière en comptait plus de 20 000 il y a quinze-vingt ans.

Une filière en perdition alors qu’elle est la plus grosse région de France en la matière ?

Oui, nous sommes la plus grande région de France pour la concentration des entreprises d’habillement et de mode. Nos créateurs, nos fabricants sont présents dans tous les segments, l’homme, la femme, l’enfant, le sport, la lingerie etc. Mais face à la concurrence mondiale, on éprouve de grosses difficultés. Le marché se partage entre l’entrée de gamme des Primark, Zara, H & M etc. et le haut de gamme qui peut se permettre de relocaliser un peu en rognant sur ses marges.

Des marges qui ne cessent d’être réduites au risque de faire péricliter les entreprises ?

Oui, les coûts de fabrication augmentent même dans les pays à bas coût et les marges baissent, il est donc difficile de sortir la tête de l’eau. Tous les jours, des entreprises de la filière ferment mais tous les jours il s’en remonte parce que la filière exerce une fascination extraordinaire.

Comment enrayer cette morosité ?

Il y en a marre de ces écoles de mode qui se montent, forment des stylistes, des modélistes, dont nous n’avons pas besoin. Aujourd’hui, nous avons besoin de vendeurs de prêt-à-porter, tout le monde en cherche. Aussi, il faut que la filière tout entière puisse peser plus lourd, que nous nous unissions avec les acteurs de l’industrie textile, les détaillants. Il faut que nous jouions groupés pour peser plus lourd vis-à-vis des pouvoirs publics. Il faut que la volonté d’union de toute la filière l’emporte parce qu’il y a urgence.

Age

68 ans

Formation

« Je suis autodidacte, j’ai 50 ans de mode derrière moi ».

Fonctions

Président des industries Mode & Habillement Rhône-Alpes-Auvergne, premier vice-président de la Fédération française du prêt-à-porter féminin.

Son plus

« Être en mode passion ».

Sa devise

« Faisons preuve de créativité ».

PROPOS RECUEILLIS PAR FRANCK BENSAID

http://www.leprogres.fr/economie/2016/02/09/gerard-ravouna-il-faut-que-la-filiere-textile-puisse-peser-plus-lourd