Quand le sport sert de banc d’essai pour les textiles du futur.

Chaussures, vêtements, équipements de sport intègrent de plus en plus d’innovations. Ils tirent le marché des textiles techniques, qui représente déjà 40 % de la production française.

Les chaussures de randonnée ressortent des placards avant les vacances, avec cette année les vestes de pluie et autres polaires. Un rendez-vous incontournable pour les marques qui offrent des produits sans cesse plus innovants. Le sport et les loisirs sont un des grands débouchés des textiles techniques, avec les transports, le médical ou le BTP. Et un de ses moteurs. « Les sports de haute performance ou de haut niveau constituent de véritables bancs d’essai pour de nouveaux matériaux, indique Fabien Roland, professeur à l’Institut textile et chimique de Lyon dans une étude. Leur retentissement leur ouvre de nouveaux marchés dans le loisir, l’habillement et même la mode. » Respirabilité, imperméabilité, isolation thermique, élasticité, évacuation ou absorption de l’eau… Les usages sont nombreux.

En France, le chiffre d’affaires généré par les textiles techniques a passé le cap des 6,2 milliards d’euros, contre 5,5 milliards il y a cinq ans. Le marché pèse désormais 40 % de l’ensemble du textile français, selon l’Union des industries textile. Il regroupe quelque 415 entreprises, employant 28.000 salariés, permettant à la France de se positionner comme le deuxième pays d’Europe en termes de fabrication.

Les pionniers Lycra et Gore-Tex

Dans cet ensemble, le sport a vu son activité progresser de 1,7 %, selon les derniers chiffres connus. Et le nombre de pratiquants en hausse offre de nouvelles perspectives à ces fabricants. Historiquement, c’est dans le sport qu’est né le premier tissu intelligent en 1933. Il s’agissait d’une tenue d’escrime parcourue de fils électriques, qui permettait de comptabiliser les points en allumant une lampe. Il y a eu ensuite une longue période sans innovation. « Dans les années 1940, l’arrivée des fibres synthétiques et la multiplication des techniques d’ennoblissement a donné naissance à ces nouveaux textiles, d’abord utilisé dans l’agriculture et la géothermie, avant le médical », relève Florence Bost, designer et co-auteur de « Textiles, innovations et matières actives ».

Le sport en a bénéficié dans la foulée. L’élasthanne, connue sous la marque Lycra, a ainsi été mise au point par l’américain DuPont en 1959. En 1969, dix ans après sa création, Gore-Tex a attaqué le secteur du textile, avec sa membrane microporeuse, à la fois imperméable et respirante. « L’alpiniste Reinhold Messmer, qui a été le premier à gravir des sommets à 8.000 mètres, a été équipé par Gore-Tex à la fin des années 1970. Ce qui a marqué nos débuts dans la montagne », précise Cécile Nomdedeu, responsable marketing France. A cette époque, les tenues de ski Millet ou Eider avec du Gore-Tex commencent à être vendues.

Confort et performance

Depuis, d’autres sociétés se sont lancées comme Polartec et sa célèbre fibre polaire. Columbia, le géant de l’outdoor a, lui, développé ses propres technologies avec Omnitech ou Outdry, des membranes imperméables et respirantes. « Le sport a été un acteur majeur dans l’évolution de ces textiles, avec toujours l’objectif d’améliorer la performance et le confort du sportif », indique Frédéric Ducruet, le patron de Millet Mountain Group.

Aujourd’hui, les sportifs veulent de la fluidité, de la légèreté et de la respirabilité.

Aujourd’hui, avec des pratiques demandant plus de vitesse, le trail running par exemple, « les sportifs veulent de la fluidité, de la légèreté et de la respirabilité, reprend le dirigeant. Avec l’objectif de mieux évacuer la sueur.

Au-delà des vêtements et des chaussures, les équipements sont aussi concernés par ces matériaux du futur, des raquettes aux skis en passant par les cordes d’escalade, les voiles de bateaux, les parapentes… Les grands équipementiers Nike et Adidas sont aussi des leviers de ce développement. Adidas, qui travaille en partenariat avec des universités, consacre plus de 100 millions d’euros par an à la R&D « pour de nouveaux produits, matériaux et process ». « L’innovation est notre raison d’être », souligne Guillaume de Monplanet, le patron France. Prochaine étape, les textiles connectés, qui commencent à faire leur apparition.

Dominique Chapuis
Le 22/06 à 09:00

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