Les nouveaux dragons du textile

Le salon Texworld, en février 2016. © Twexworld

Cette semaine le salon Texworld rassemble au Bourget, près de Paris, des entreprises du textile et de l’habillement du monde entier. Avec une représentation massive des entreprises chinoises. Mais aussi l’apparition d’entreprises textiles du Vietnam, du Cambodge et de Birmanie.

Ce sont les nouveaux dragons du textile mondial. Bien sûr, ils partent de loin par rapport à la Chine (138 milliards de dollars d’exportations rien que dans le textile et l’habillement), mais le Vietnam a doublé ses exportations en cinq ans et c’est aujourd’hui le troisième fournisseur d’habillement de la planète (22 milliards de dollars), derrière la Chine et le Bangladesh, mais devant la Turquie.

Même progression fulgurante pour le Cambodge (8 milliards de dollars). Quant à la Birmanie c’est encore le bébé dragon du textile (250 millions de dollars), mais sa croissance est phénoménale, ses exportations de vêtements ont quadruplé en cinq ans.

Des coûts imbattables, de meilleures garanties sociales que le Bangladesh

Les professionnels le disent, le Bangladesh n’a pas fait beaucoup de progrès depuis l’effondrement du Rana Plaza, il y a presque trois ans. Au Vietnam, les autorités communistes sont très soucieuses de faire appliquer un minimum de règles dans les usines. Avec un salaire minimum de 120 euros, moins de la moitié du salaire chinois, le manteau cousu dans la région côtière de Danang à Ho Chi Minh arrive en Europe à 17 euros, coût et fret inclus. Il n’est pas étonnant que le Vietnam soit devenu le deuxième fournisseur de parkas de l’Union européenne !

Au Cambodge, le tableau social est moins brillant, mais en progrès. Surtout, le Cambodge peut produire un pantalon à 7 euros, un t-shirt à 3 euros : les survêtements cambodgiens ont envahi les boutiques européennes. En Birmanie, l’ouvrier textile gagne moins de 60 euros par mois, les anoraks birmans sont très prisés par les acheteurs européens.

Dans ces trois pays, l’énergie n’est pas chère, les réseaux routiers sont plutôt bons et les entreprises chinoises investissent massivement au Cambodge, au Vietnam et en Birmanie. Elles délocalisent à leur porte en fournissant le coton et le tissu de Chine.

Des accords hyper-préférentiels

C’est une intégration semblable de la filière textile qui avait permis à d’autres pays précédemment de devenir des champions mondiaux, la Turquie, l’Inde et le Pakistan. L’usine textile du monde est donc en train de se déplacer vers le sud-est de l’Asie avec un grand coup de pouce : les nouveaux accords de libre-échange.

Depuis trois ans, les accords hyper-préférentiels se multiplient entre l’Union européenne, ou les États-Unis, et les nouveaux dragons du textile. L’habillement cambodgien bénéficie d’un droit d’entrée nul en Europe au nom de l’accord « Tout sauf les armes ». Même régime préférentiel pour l’habillement birman, l’Union européenne a même précédé les États-Unis dans la levée des sanctions contre la Birmanie.

Quant au Vietnam, s’il doit attendre encore sept ans avant que ses vêtements entrent sans taxe en Europe, il sera le plus grand bénéficiaire de l’accord transpacifique avec les États-Unis dans le textile. Le Vietnam est déjà le deuxième fournisseur de vêtements des Américains.

La volonté des nouveaux dragons du textile

Vietnam, Cambodge et Birmanie, les nouveaux dragons du textile veulent non seulement devenir des acteurs majeurs du commerce mondial de l’habillement, mais ils veulent monter en gamme.

Sortir de la sous-traitance, c’est l’objectif de l’Asie du Sud-Est, avec l’aide des entreprises européennes qui songent à délocaliser la création, le marketing. Si c’est le cas, les fournisseurs textiles du Maghreb risquent de souffrir encore, ils s’étaient spécialisés dans le moyen haut de gamme, mais leur part de marché stagne, voire diminue, notamment dans le jean.

Les industriels du Maroc et de Tunisie doivent acheter leur tissu en Europe pour que leurs vêtements bénéficient de zéro droit de douane en retour, ce qui n’est pas le cas de leurs concurrents, l’Union européenne a voulu protéger de cette manière le peu d’industrie textile qui lui restait.

http://www.rfi.fr/emission/20160219-dragons-textile-cambodge-vietnam-birmanie-commerce

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