Les entreprises textile nordistes ont foi dans le traité transatlantique, envers et contre tout

La promesse de nouvelles parts de marché: les entreprises textiles nordistes voient dans le projet d’accord de libre-échange actuellement en négociation entre Bruxelles et Washington (Tafta),objet de vives critiques, un moyen de dynamiser leur activité, essentiellement tournée vers les exportations.

Pour le dentellier Noyon, implanté à Calais, qui confectionne de la dentelle essentiellement pour la lingerie et les robes de mariée, les ventes vers les Etats-Unis représentent entre 8 et 10% du chiffre d’affaires. Avec la suppression des droits de douane et la simplification des procédures douanières
prévues dans le projet de traité transatlantique, “on pourrait doubler” les exportations vers ce pays, estime Olivier Noyon, président de la société, qui se voit appliquer pour l’instant des droits de l’ordre de 15% sur ses produits à l’entrée des Etats-Unis.

Une manne qui serait la bienvenue alors que son entreprise a vu son chiffre d’affaires divisé par plus de trois depuis 2002, passant de 60 millions d’euros à environ 18 millions aujourd’hui, et son nombre d’employés fondre de 850 à 220, conséquence de la féroce concurrence asiatique. Le dirigeant veut croire que la baisse des prix induite par la disparition des droits de douane permettrait notamment à son entreprise de retrouver des parts de marché dans le secteur de la lingerie, auprès de marques telles que Victoria’s Secret.

Droits de douane

Une situation confirmée par Jean-Louis Dussart, co-dirigeant de Desseilles Laces, autre dentellier aujourd’hui au bord de la liquidation judiciaire. “On travaillait aux Etats-Unis avec un certain nombre de petites marques très connues, qui ont fini par se rabattre sur la broderie, sur laquelle il y a moins
de droits de douane
“, raconte-t-il. “Entre les droits de douane, le coût du transport et le pourcentage versé aux agents commerciaux, ça ajoute entre 23 et 24% au prix de notre dentelle“, explique-t-il. Un désavantage compétitif certain par rapport au même tissu fabriqué en Asie et vendu à bien moindre coût.

Pour Nicolas Bonte, patron de Tissage Art de Lys, une petite entreprise de 15 personnes implantée près de Lille, une des vertus principales du traité est la simplification des procédures douanières avec les Etats-Unis. “On attend toujours des simplifications et de la clarté, notamment pour des petites
structures comme la nôtre
“, dit-il. Actuellement, indique le chef d’entreprise, les droits de douane sur ses produits peuvent varier et passer de 5 à 10% selon leur point d’arrivée aux Etats-Unis mais aussi en fonction du déclarant, autrement dit la société de transport qui effectue la procédure pour le compte de Tissage Art de Lys.

Ne pas se barricader

Des préoccupations partagées par de nombreuses petites entreprises, dont la voix peine à se faire entendre face à celle, massive, des détracteurs du projet. Les opposants auTafta (TTIP en anglais) dénoncent l’opacité des négociations, craignent une dérèglementation généralisée et une perte de souveraineté. Ils soulèvent aussi le fait que l’impact économique d’un tel accord n’a pas été suffisamment mesuré et s’inquiètent de l’importation en Europe de produits américains bon marché.

La Commission européenne vante, elle, les opportunités en termes de croissance et d’emploi qu’offrirait une plus grande ouverture du marché américain pour les entreprises européennes. L’impact pour l’UE devrait être “d’un peu moins de 100 milliards d’euros d’augmentation du revenu annuel, ce qui représente 0,3% du PIB”, a calculé Sébastien Jean, directeur du centre de recherches économiques CEPII. Les secteurs qui devraient le plus en
bénéficier sont le textile, l’habillement, la céramique ou encore le tabac, où les droits de douane sont élevés.

Ce n’est pas en se barricadant qu’on va y arriver“, estime Nicolas Bonte. “C’est à nous de prendre des mesures et de se différencier pour pouvoir conquérir de nouveaux marchés“. “On a un besoin impératif d’exporter pour que nos entreprises s’en sortent et développent leur chiffre d’affaires“, dans un contexte de “consommation domestique faiblarde”, plaide pour sa part Emmanuelle Butaud-Stubbs, déléguée générale de l’Union des industries textiles (UIT). “Les Etats-Unis représentent un marché d’exportation très important pour le textile et l’habillement (…) c’est la raison pour laquelle nous poursuivons nos intérêts offensifs là-bas“, ajoute-t-elle.

  • AFP
  • Publié le 25/02/2016 | 15:30

http://france3-regions.francetvinfo.fr/nord-pas-de-calais/les-entreprises-textile-nordistes-ont-foi-dans-le-traite-transatlantique-envers-et-contre-tout-936696.html

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